- gâteux
-
• 1835; arg. des hôpitaux, var. péj. de gâteur « qui gâte ses draps, ses vêtements »; de gâter1 ♦ Dont les fonctions physiologiques et les facultés intellectuelles sont amoindries par l'effet de l'âge ou plus rarement de la maladie. Être complètement gâteux (cf. Retomber en enfance, fam. sucrer les fraises). Un vieillard gâteux. Subst. « C'est un pauvre gâteux. Il fait plutôt pitié » (Sarraute).2 ♦ Par exagér. (1872) Dénué d'intelligence (comme un gâteux). ⇒ idiot. — Spécialt Qui devient stupide sous l'empire d'un sentiment violent auquel l'intelligence critique ne s'oppose plus. Il adore cette petite, il en est gâteux ! ⇒fam. gaga.Synonymes :- idiotDont l'intelligence est affaiblie ; débile, idiot.Synonymes :- diminué- gaga (familier)- ramolli (familier)- sénile● gâteux, gâteuse adjectif Qui s'attendrit excessivement devant quelqu'un, accepte tout de lui par faiblesse ou affection : Cet enfant le rend gâteux.gâteux, euseadj. et n.d1./d Dont les facultés, notam. les facultés mentales, sont amoindries par l'âge ou la maladie. Elle est un peu gâteuse.— Subst. Un vieux gâteux.d2./d Qui est comme gâteux (partic., sous l'empire d'une idée fixe, d'un sentiment excessif). Il ne pense plus qu'à ça, il en devient gâteux.⇒GÂTEUX, -EUSE, subst. et adj.A. — MÉD. (Infirme ou aliéné) ,,qui est atteint d'incontinence d'urine ou des matières fécales`` (Méd. Biol., t. 2, 1971) et, par suite, gâte ses draps et ses vêtements. Exposition des peintres-graveurs : Redon, du fantastique fait par un gâteux de Bicêtre sur une chaise percée (GONCOURT, Journal, 1889, p. 915). Plus tard, il y a lieu surtout de veiller à la propreté du dément gâteux (CODET, Psych., 1926, p. 78). Dans l'arrière-boutique, le gâteux gémissait doucement pour qu'on le torche (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 15).B. — P. ext. (Personne généralement âgée) dont diverses fonctions physiques ou plus souvent intellectuelles sont presque éteintes, qui retombe en enfance, qui radote, qui mange malproprement. L'étonnement muet des vieillards gâteux (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, 2e part., X, p. 211). Les jeunes romanciers ne manquent pas de faire des gâteux de tous les vieillards (BLOY, Journal, 1899, p. 376) :• Quarante-sept ans! Tu me prends déjà pour un vieillard? Pour un gâteux? Pour une baderne? Pour une guenille, un débris, un déchu, un amoindri, une ganache, un décrépit, un sénile, un caduc, un suranné, une ruine, un archaïque, un périmé, un défectif, un vioc et pour tout dire un con?QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 80.— P. hyperb., fam. Stupide comme l'est un vieillard imbécile. Les gâteux de l'école historique coudoyant les jeunes fous du réalisme (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 134). Ma mère, il lui foutait une telle trouille qu'elle en devenait toute gâteuse! Elle bavotait, chevrotait, elle avait des bulles... il l'achevait, il la sonnait totalement (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 232).♦ P. méton. Un autre intrus, demandant la démission d'un autre procureur impérial, aussitôt obtenue de la bienveillance gâteuse du ministre (GONCOURT, Journal, 1871, p. 735). L'abdomen pointé en avant, l'index dressé et la lippe parfaitement gâteuse (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 285).— En partic. Victime d'une passion au point d'en perdre toute mesure et d'en être stupide. (Ds ROB., Lar. Lang. fr.). Aimer qqn à en être gâteux; son bonheur le rend gâteux.REM. 1. Gâteuse, subst. fém. Longue redingote très ample qui ressemble à la capote que portent les gâteux dans les hôpitaux. Un petit gommeux complètement crevé dit au cocher d'une voix éteinte, du fond du grand collet de sa gâteuse (LARCHEY, Dict. hist. arg., 1878, p. 190). 2. Gâteusement, adv. D'une manière qui est propre à une personne gâteuse. Il demande aujourd'hui, gâteusement, du matin au soir, qu'on ne plante pas de croix sur sa tombe (BLOY, Hist. désobl., 1894, p. 104).Prononc. et Orth. : [
], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1836 subst. (Ac. Suppl.). Dér. à l'aide du suff. -eux, forme dial. de -eur2, employée par dérision, de gâter méd. « lâcher inconsciemment les urines et les selles » 1877 ds LITTRÉ Suppl. Add.; cf. a.fr. gaster « user; gaspiller; répandre, verser (un liquide) » ainsi que soi gaster « se souiller » XIIe s. ds DEAF col. 374 et 370. Fréq. abs. littér. : 136. Bbg. KLEIN (J.R.). Le Vocab. des mœurs de la « Vie parisienne » sous le Second Empire. Louvain, 1976, p. 151. - QUEM. DDL t. 4.
gâteux, euse [gɑtø, øz] n. et adj.ÉTYM. 1835; argot des hôpitaux, var. péj. de gâteur « qui gâte ses draps, ses vêtements »; de gâter.❖1 N. Méd. « Nom donné aux paralytiques, aux infirmes et aux aliénés qui rendent involontairement les urines et les selles » (Garnier). || Vieux gâteux qui fait (cit. 16) sous lui la nuit. || Une gâteuse.1 (…) des idiots décrépits, des gâteux octogénaires, des larves humaines que ne dirigeait même plus l'instinct animal (…)Th. Gautier, Portraits contemporains, Balzac, VI.2 Adj. Cour. Dont les fonctions, et particulièrement les facultés intellectuelles, sont troublées ou paralysées, par l'effet de l'âge ou d'une maladie mentale. ⇒ Enfance (tombé en), ramolli; (fam.) gaga. || Il est devenu complètement gâteux. || Vieillard gâteux. — N. || Balbutiements (cit. 4) de gâteux.2 Phraséologie toujours vague; les mots tombent, tombent de cette plume pluvieuse, comme la salive des lèvres d'un gâteux bavard (…)Baudelaire, l'Art romantique, XXVI.3 (…) un ancien censeur devenu gâteux et dont la mémoire s'était arrêtée comme une montre brisée : elle marquait perpétuellement quarante ans (…) Aussi (…) tournait-il autour de sa table, persuadé de surveiller des élèves en récréation.Sartre, Situations I, p. 74.3 Adj. (1872). Par exagér. Aussi dénué d'intelligence qu'un véritable gâteux. ⇒ Idiot. || Mais tu deviens gâteux ! || Ne discute plus avec lui, il est vraiment gâteux.4 (…) et moi, l'idiot, le gâteux, je ne suis pas censé comprendre, hein !J. Green, Adrienne Mesurat, I, XIV.5 Ne vous figurez pourtant pas que dans l'administration nous soyons tous gâteux !J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XV, p. 163.4 Adj. Qui devient stupide sous l'empire d'un sentiment violent auquel l'intelligence critique ne s'oppose plus. || Il adore cette petite, il en est gâteux ! ⇒ Gaga. || L'admiration, la joie le rend gâteux, la rend gâteuse.6 Il passait les prendre à la maison de santé (…) et puis les reconduisait après le spectacle, gâteux, repus de visions, heureux et saufs (…)Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 319.7 Le mot Alain sur ses lèvres est tout humide, comme imbibé de la tendre odeur du lait, de l'âcre odeur des couches mouillées… fossettes, rires, chatouilleries, raconte encore, papa… tous les jours levé plus tôt pour le conduire en classe… Alain a une composition demain… vacances assommantes dans des petits trous… Alain a besoin d'air salin… j'en étais gâteux…N. Sarraute, le Planétarium, p. 141.❖DÉR. Gaga, gâtifier, gâtisme.HOM. (Du fém.) Fém. de gâteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.